L'Atelier Bleu

Peindre sur papier ou sur toile est à chaque fois pour moi une aventure première dans « 
la grâce de solitude » (expression de Christian Bobin). Je suis peintre amateur car d’une
part il serait impossible pour moi de me poster chaque jour devant la toile blanche et
d’autre part je ne saurais en faire commerce. D’abord, peut-être faut-il dire ce que
représente la peinture pour moi ; avant tout une mise en expression de ce que à un
moment donné j’ai besoin de faire sortir du fond de moi : une idée, un concept, un mélange
de souvenirs, une tristesse, une colère…..En quelque sorte, rendre visible l’invisible,
comme l’ont dit bien avant moi quelques artistes ou philosophe célèbres. Donc, je ne peins
jamais ni d’après photo ni sur le motif. J’ai envie à un moment de matière, de formes, de
couleurs, mais je ne sais jamais à l’avance ce qui va advenir ; avant et pendant, il y a la
fois lâcher prise et besoin de marquer, d’imprégner quelque chose à laquelle je suis
incapable d’attribuer un nom. Ce n’est qu’à posteriori, que très souvent telle composition
« construite » m’évoque une émotion du moment, un vécu, un surgissement de la mémoire.
Je peins à l’acrylique sur toile rapidement puis je laisse plusieurs jours, voire plusieurs
semaines, mon regard sur le tableau évoluer ; j’y reviens juste pour peaufiner, ajouter un
détail….
Concernant les compositions en techniques mixtes sur papier, je suis dans la lenteur mais
le processus est le même. Pourtant la mise en expression est à mon sens plus aisée car
les « moyens » sont très diversifiés : crayon, peinture, encre, collages, découpages. Je ne
colle et ne découpe que des éléments que j’ai moi-même peints ou coloriés.
Quelques éléments autobiographiques :
- Je me suis installée définitivement en Aveyron à partir de 2006. Auparavant je
résidais à Marseille.
- Mon père et mon oncle paternel m’ont montré très tôt l’importance de l’esthétique,
une recherche d’harmonie des formes et des couleurs jusque dans la vie
quotidienne : la maison, les vêtements, l’environnement. Peut-être devaient-ils ce
trait de caractère à leur origine italienne.
- Vers l’âge de 12/13 ans j’ai été très touchée par la peinture au couteau de Pierre
Ambrogiani et de D’Orcino(Toussaint Ambrogiani, frère de Pierre) puis plus tard par
celle d’Antoine Ferrari.
- J’ai appris les techniques de bases à l’atelier de Jacqueline Mercier à Marseille dans
les années 80.
- J’ai renoué avec l’amour de la peinture en 2012, quand une belle qualité de vie -en
Aveyron- m’a incité à y consacrer du temps et à y redonner toute sa valeur.

France Salzone